mardi 22 février 2011

Au milieu du tremblement de terre magnitude 6.3 à Christchurch…

Lorsque ce midi 22 février nous évoquions les récents tremblements de terre avec Mrs Cullen, mon hôte à Christchurch, nous ne doutions pas que nous subirions la pire réplique avant la fin du dessert…

Le 4 septembre dernier, Christchurch a vécu son plus gros séisme d'une magnitude 7.1 sur l'échelle de Richter. Survenant à 4h du matin, le désastre a heureusement pas laissé de perte humaine mais laissé de gros dégâts matériel.
Depuis, 400 répliques de plus ou moins grandes amplitudes ont secoué la 2e ville du pays, laissant ses habitants dans la crainte de nouveaux dommages. Jusqu'à aujourd'hui.

La journée avait bien commencé, avec l'idée de visiter la ville après le lunch. Nous étions tranquillement en train de finir les choux à la crème quand la terre a commencé à trembler…
Un grondement sourd mugit du sol alors que tout le mobilier se met à vibrer, les lampes se balancent au plafond, la vaisselle se fracasse par terre, les livres se jettent au sol et les tableaux déballent des murs. Ceux-ci ondulent, alors que tout ce qui est d'ordinaire si tranquille se meut d'une vie propre, les arbres dansent et la terre s'anime au même rythme qu'une machine à laver en mode essoreuse rapide.
Dix secondes, ils ont dit à la radio. Maintenant comptez lentement jusqu'à 10.

1.. 2.. 3.. 4.. 5.. 6.. 7.. 8.. 9.. 10.. et vous ne savez pas quand ça va s'arrêter alors que tout s'écroule autours de vous.

Ca secoue, mais le plus effrayant est de voir les murs et les arbres osciller. C'est fou ce qu'un mur en briques peut être souple…
La pauvre dame avait confectionné des poires et des pêches en jus la veille, le tout s'est fracassé sur le sol de la cuisine, avec le contenu du frigo et tout ce qui était posé sur les étagères.

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La cuisine dévastée après le tremblement de terre

La TV plasma s'est écroulée, le mobilier a déversé livres, CDs, DVDs, décorations sur le sol, les tiroirs bées grand ouvert, le piano s'est décollé de 20 cm (!) de la paroi, les photos aux murs sont de guingois et c'est la pagaille dans chaque pièce de la maison.
Bien qu'il fut d'une magnitude de 6.3, les dégâts sont bien plus importants qu'après le premier séisme. L'épicentre se trouvait à seulement 10 kilomètres de la ville et la radio fait le bilan heure par heure. Le clocher de la cathédrale s'est écroulé, la façade d'un immeuble s'est effondrée sur deux bus, pour en tuer des passagers, des incendies se sont déclarés et des gens sont piégés dans divers bâtiments alors que les secours sont débordés. Les autorités préconisent de ne téléphoner ou de conduire qu'en cas de nécessité, tandis que 70% de la ville n'avait pas de courant. Ici l'électricité vient d'être rétabli mais l'eau manque toujours. 65 morts ont déjà été enregistrés quand les hélicoptères survolent la ville et les sirènes mugissent dans les quartiers déserts.

Quarante répliques se sont faite ressentir depuis, allant de de 2.8 jusqu'à 5.9. A chaque fois mon échine se dresse, les gens se figent ou agrippent le premier chambranle de porte venu.
Je ne sais pas encore comment je vais dormir cette nuit, l'aéroport est fermé jusqu'à nouvel avis et mon vol pour Brisbane apparemment annulé.

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Mrs Cullen cherchant à joindre ses proches

dimanche 20 février 2011

La joie de voyager en van et camper en Nouvelle-Zélande

C'est après avoir dégusté les merveilleuses moules collectées hier sur Wharariki Beach par marée basse, qu'il faut que je vous raconte la suite (et presque fin) de mes péripéties en Nouvelle-Zélande.
Je vous avais dit dans un précédent message comment je suis tombé amoureux d'Apple Tree Bay dans Abel Tasman National Park et combien je voulais y retourner planter la tente. Et bien un nouveau rêve s'est réalisé !

Comme il me restait deux semaines à la suite de mon enrichissante expérience de wwoofing à Invercargill, j'ai voulu retourner à Abel Tasman National Park. Entre temps, j'ai appris que mon ami Johannes était dans le coin avec Bruce, son campervan. Johannes est un Allemand que j'ai rencontré lors de ma croisière en voilier aux Whitsunday Islands, en Australie et qui voyage également pour faire le point sur lui-même et faire de nouvelles expériences.

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Les joies du camping à Abel Tasman National Park

Deux de ses amies nous ont rejoint à Nelson et nous avons donc fait route pour Apple Tree Bay. Pour situer, Abel Tasman National Park se trouve au nord de l'île Sud et est le plus petit mais plus populaire parc national de Nouvelle-Zélande. Ce qui s'explique au vu de son climat tempéré, ses plages dorées et ses eaux du bleu marine au vert émeraude.
Notre point de chute ne fut qu'à 2h de marche de Marahau et abrite, pour moi, le plus beau camping du monde : la mer d'un côté, la luxuriante forêt de l'autre, un petit ruisseau en son milieu (qui cache une anguille) et la tente dans le sable. Comble du bonheur, nous fûmes les seuls à camper sur le site cette nuit là !

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Nuit sous les étoiles à Abel Tasman National Park

Le lendemain nous a vu cheminer le long de la côte, prendre quelques photos et jouer sur la plage avant de rebrousser chemin (les filles devaient prendre le ferry pour l'île Nord le lendemain).

Les adieux consommés, nous avons décidé, Johannes et moi, d'aller explorer l'extrémité nord du parc. Bien moins fréquenté, le chemin forme une loupe le long de la côte avant de revenir par les collines, 350m de dénivelé plus haut. Le soir nous avons campé à Mutton Cove, qui est presque aussi joli qu'Apple Tree Bay. Après souper, deux opossums sont venus nous rendre visite et essayer de chaparder de la nourriture. Il faut savoir qu'au même titre que les chats et les fouines, ces prédateurs sont chassés et exterminés en Nouvelle-Zélande car tuent la faune locale, plus spécialement les oiseaux. J'ai appris qu'avant l'arrivée de l'homme, l'île n'abritait aucun mammifère terrestre ! Seul une espèce d'aigle était l'unique prédateur de l'archipel.
Une autre nuisance locale, je nomme les sandflies : de la taille d'un moucheron, ils vous mordent jusqu'au sang et vous laisse de méchante démangeaison. Chaque Paradis recèle ses vampires…

Camping in Mutton Cove
Mutton Cove à Abel Tasman National Park

Le jour suivant, nous avons poussé encore plus au nord jusqu'à la méconnue mais merveilleuse Wharariki Beach !
Après le sable jaune et granuleux de la Golden Bay, ce fut place au sable gris extrafin. La plage se découvre après une vingtaine de minutes de marche jusqu'à débouler au sommet d'une dune, et le reste n'est que merveille : des collines de sable chaud, la mer délicieusement tempérée et, au milieu de l'eau, des rocs taillés par les marées. Une plage plus loin, nous avons découvert les fameuses moules à la coquille verte et quelques étoiles de mer ! Nous en avons ramassé un kilo (de moules, pas d'étoiles de mer!) et ce fut un de mes plus savoureux repas, cuisiné avec du vin blanc local et du pain à l'ail.
Un peu plus loin sur Wharariki Beach, une colonie de phoque avait trouvé refuge à l'ombre, et les petits jouaient dans un bassin naturel ou se couraient après.
Ce fut donc la plus belle plage que j'ai pu trouver en Nouvelle-Zélande, le paysage est unique, différent, et recèle plein de surprises, comme cette caverne où tu progresses les pieds dans un cours d'eau seulement guidé par la lumière filtrée le long de la roche, jusqu'à arriver à la mer ou encore cette arche plantée au milieu de l'eau et où seuls les surfeurs les plus expérimentés osent passer au travers !

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Wharariki Beach, lieu magique encore préservé des touristes

Maintenant, je me rends bien compte à quel point on peut passer à côté du pays en voyageant dans un car de touristes plutôt que de l'explorer par ses propres moyens. Il n'y a rien de tel que de s'arrêter en bord de route, explorer au gré de ses envies, ne pas se soucier d'un horaire ou d'un itinéraire pour s'immerger pleinement dans la découverte. Le campervan est bien équipé, avec sa couchette, ses grills à gaz, ses chaises pliantes, ses compartiments pratiques, son réfrigérateur et son équipement stéréo. Les expériences sont aussi bien plus rigolotes : baignade et vaisselle en rivière, couchage sous la voie lactée ou avec d'autres hippies, approvisionnement dans les stands de légume en bord de route et j'en passe.
C'est sûr, de retour à Brisbane, je m'achète mon propre véhicule !

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Hippies campground
Voyage en campervan en Nouvelle-Zélande

samedi 5 février 2011

Wwoofing, du bénévolat qui paye

Après deux mois à tailler la route, j'ai ressenti le besoin de poser le sac à dos dans un coin, me rendre utile et manger autre chose que des pâtes à la sauce tomate.
Pour cela, je connaissais la solution : WWOOF.
L'acronyme signifie World-Wide Opportunities on Organic Farms, mais aussi Willing Workers On Organic Farms, ce réseau de fermes biologiques ayant été créé en Angleterre en 1971. A l'origine, Sue Coppard, l'instigatrice du programme, a voulu offrir aux citadins la possibilité de se ressourcer à la campagne en plongeant leurs mains potelées dans l'agriculture biologique.
Aujourd'hui, les volontaires bénévoles ont quelque peu évolués, en Australie et Nouvelle-Zélande : les wwoofers sont principalement des backpackers, voulant échanger un peu de travail manuel contre le gîte et le couvert.

Pour cela, le plus simple est de se rendre sur le site australien ou néo-zélandais de wwoofing et de joindre le réseau via le formulaire online. Après payement de la modique somme de 40$, le merveilleux carnet d'adresse des fermes bio devient consultable et il ne vous reste plus qu'à choisir votre point de chute (selon disponibilité, bien sûr).

C'est ainsi que je me suis retrouvé à Underwood Blackcurrants - Invercargill, dernière ville de Nouvelle-Zélande avant le Pôle Sud. Stephen et Katrina, mes hôtes, possèdent une plantation de cassis, et même si je n'ai loupé les 2.5 tonnes de récolte que d'un jour, nous avons été bien occupé, Stephen et moi :
le domaine comprend son lot de moutons (évidemment, 10 moutons par habitant), 3 vaches, un jardin potager, 2 tracteurs et Milly, la chienne qui court après les lapins.
Le rythme était agréable, entrecoupé du morning et afternoon tea : après avoir désherbé les rangs de patates, c'était le temps des biscuits et du sirop de cassis, avant de continuer par collecter le bois du sapin soufflé par une précédente tempête. Le lunch enfilé, les bûches étaient débitées avant une nouvelle pause biscuits, et rebelote. Mes moments préférés (outre les tea time) était de tondre le gazon avec le mowa : tranquile et relaxant.

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Le wwoofing est également une excellente manière de découvrir le fond du pays et ses habitants. Après 5 semaines de voyage, j'avais l'impression d'avoir parcouru du paysage mais n'avoir point découvert ses locataires…
Stephen et Katrina vivent simplement, principalement du produit de leur terre (du cassis en sirop, en cake ou en coulis). L'eau de pluie, même pas filtrée, suffisant pour couvrir les besoins du ménage. Le Kiwi rural est Chrétien pratiquant, possède des moutons et internet, n'est pas forcément passionné de rugby et possède un joyeux esprit de communauté. J'ai ainsi été convié à 3 anniversaires (ou tea barbecue!) et rencontré des gens ouverts, chaleureux et conviviaux. On m'a emmené également au Crank Up Day, une grande foire au tracteurs et voitures de collection, événement annuel attendu. Le moment phare fut la parade des paysans fièrement juchés sur leur engin.

C'est moi l'plus beau

Ce coin du Southland est le plus frais du pays, il faisait un petit 22°C les beaux jours d'été, et j'en ai pas eu tant que ça.
Invercargill a cependant été situé sur la carte grâce à Burt Monro, qui détient le record du monde de vitesse avec une moto de moins de 1000cc (vitesse originale de 89 km/h, avant de tutoyer les 300 km/h). Allez voir The World's Fastest Indian, avec Anthony Hopkins, s'il ne figure pas encore dans votre vidéothèque.

En résumé, le wwoofing ne demande qu'une modeste contre-partie, à savoir plonger ses mains dans la terre, en échange de découvrir l'arrière-pays et ses habitants. Le réseau ne se limite pas seulement au Pacifique : 99 pays sont répertoriés, entre l'Europe, l'Amérique du Sud, USA, Canada, Kazakhstan ou l'Ouganda.
Et quel plaisir ce fut de manger et travailler sainement : moi qui avait perdu 8kg en voyage, j'en ai recouvert l'essentiel, que ça soit en muscle ou en chair. J'en retiens une bonne leçon de vie et de partage avec des gens intéressants et généreux. Stephen, Katrina - ainsi que Milly-dog - sont devenus des amis.
Pour preuve, au moment des adieux, Katrina avait les larmes au yeux…

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Milly dog

mercredi 2 février 2011

Mission Beach avant le cyclone Yasi

2010.12.11_Mission Beach-30
Après les inondations qui ont touché Brisbane, c'est une autre catastrophe qui s'est abattue cette nuit sur le Queensland, en le nom de Yasi. Ce cyclone de catégorie 5, au moins aussi puissant que l'ouragan Katrina en 2005, est le plus puissant à avoir touché l'Australie depuis des décennies. Après trois jours de préparation et d'évacuation, la furie à touché la côte aux environs de minuit, heure locale. L'oeil du cyclone se situant au sud de Mission Beach, une petite bourgade qui s'est taillée une réputation dans l'adrénaline par ses skydives. Pour sûr qu'ils ont leur dose de sensation forte cette nuit.
Alors que le soleil se lève sur les dégâts et que la tempête rétrograde en classe 2, aucun mort n'a encore été reporté, pourvu que ça dure...
Pour terminer avec une note d'espoir, une petite fille est même née à Cairns au milieu de la tourmente :)

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Mission Beach en décembre dernier. Une pensée pour ceux touchés par le cyclone Yasi.